Savez-vous que le papier peut être recyclé jusqu’à cinq fois ? Une amie me soumettant son travail préparatoire de formation me mit sous les yeux cet fait capital. Cinq fois, c’est beaucoup et finalement peu. En musique, on peut recycler infiniment plus. C’est qu’il existe une différence essentielle entre ces deux formes de (re)créations. Pour le bois, au fil des opérations de recyclage, la qualité de la fibre diminue. « Il est donc essentiel d'introduire dans la fabrication du papier recyclé des fibres vierges en complément des fibres recyclées » dixit le site www.echalier.com. Précisément ce qu’on ne fait pas de manière aussi rigoureuse en musique…
IROQUOISE VERTE. Pourquoi se casser la tête à innover quand d'autres l’ont brillamment fait deux décennies auparavant ? Ceux qui s'y collent ne le font pas forcément avec style, la nouveauté revenant parfois à fixer une iroquoise verte sur une classique statue grecque. Clinquant mais pas si harmonieux, en définitive. Et puis, il y a les petits génies. Des surdoués qui n’apportent finalement pas grand chose au niveau musical, mais qui le font avec un tel bonheur, une telle énergie et un abandon si absolu qu’ils font de leurs faiblesses leur atout maître. Et des gens capables de signer une chanson comme celle ci-dessous sont des petits génies. Attention : le refrain est entêtant et la bonne humeur contagieuse.
YEAH YEAH ! Dès lors, il n’est guère besoin d’en rajouter. Matt & Kim forment un duo (encore un) vivant à la ville comme à la scène (paraît-il). Cet album éponyme sort chez nous en 2008 mais il a été enregistré en 2006. Depuis deux ans, de sinistres individus supputaient donc que les populations étaient assez heureuses pour se dispenser de cette dose massive de bonheur. Certes, les esprits chagrins rétorqueront que ce couple est assez limité au plan musical, que le « yeah yeah » saoulent au bout d’un moment et que tout ceci se mord la queue. L’écoute du disque démontre que cela n’est que partiellement exact. Mat & Kim semble certes enregistrer des opus dans le seul but de les jouer sur scène, d’où cette implacable et naïve efficacité. Ils sont cependant plus que cela, capable de signer des chansons moins exubérantes, plus réfléchi, sans toutefois franchir une certaine frontière, hein. En somme, Matt & Kim sont l’heureux chainon manquant entre les merveilleux The Deathset et les merveilleux The Wombats. Avec de telles références, il est évident que les pisse-vinaigres ne peuvent que conspuer notre nouveau duo préféré (avec The Raveonettes, The Deathset et Stéréo Total – chroniqués dans votre blog encensé). Qu’importe, nous tenons là un album fameux et laissons aux fâcheux leurs dépressifs adulés.
