14 septembre 2009
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Dans la rubrique intitulée ‘(Presque) (Presque) Fameux: les désolés’, le texte d’introduction est le suivant : ‘Il est des disques qu’on aime d’emblée, d’autres que l’on déteste immédiatement, puis il y a ceux qu’on conserve, afin de voir si le temps ne les rend pas meilleurs. Ce processus marche assez peu, sauf exception. Les désolés ne sont donc pas de mauvais disques. Disons que ce sont nos oreilles qui ne sont pas assez ouvertes, ou trop, voire les deux à la fois.’
Et effectivement, ce procédé marche assez peu. Heureusement, il existe des exceptions qui confirment la règle, permettant par là même à cette rubrique de perdurer (et accessoirement trouver une justification).
Reprenons les affaires en 2006. Skinhead OM me donne ce promo, stipulant à son sujet ne rien avoir à déclarer, ce qui en soit s’avère infamant. J’écoute donc le dit disque au fil de voyages à bord d’el coche et, lassé d’entendre du sous-Rancid, l’abandonne dans la cage d’escaliers. A voir plus tard.
Trois ans plus tard, je ressors le disque et l’écoute. La première audition ne dérange en rien ma lecture. La seconde est accompagnée par le rythme marqué d’un de mes pieds (j’en ai deux, chance). A la troisième, je reconnais les intros des titres forts. Bref, il en va avec Born To Lose comme avec AC/DC vintage : si vous aimez une chanson, vous aimerez probablement toutes les autres. Et il y a de grandes chances que vous ne puissiez rien faire contre cela.
Bien entendu, BTL n’a rien inventé. Ni dans le look, ni dans la pose, ni dans le portage de canettes, éléments semblant d’ailleurs occuper dans l’univers du groupe une place essentielle. Ces vingtenaires à taille large semblent excessivement fiers de la scène punk dont ils sont issus, scène qu’ils vénèrent et honorent à quelque occasion que ce soit. Une des plus belles, lorsqu’on maîtrise un nombre suffisant d’accords, est d’enregistrer de révérencieux morceaux. Après quelques essais discographiques confidentiels, les gaillards d’Austin (Cote d’Or) ont choisi de rendre leur punk rock davantage mélodique. Une tactique payante : Sweet misery est l’album de leur révélation.
Fort en gueule et gorgé de sentiments, voilà les fondamentaux de pareil opus. Pour atteindre tel équilibre, BTL s’est approprié la formule Rancid : mélanger virile camaraderie et grand cœur. Ne vous étonnez donc pas de l’importance des chœurs. Ici, les oooh oh oh oh oooh ! sont de rigueur. Savamment travaillés, minutieusement ajustés, ils portent le disque d’un bout à l’autre. Côté instrumentation, Rancid partage son titre d’influence principale avec un bon paquet de groupes engrainés. Véritable creuset, Sweet misery est la rencontre du punk rock anglais, street punk américain et punk rock mélodique suédois. Vous n’entendez rien à ces sous-genres ? Aucune importance. Retenez simplement que BTL joue un rock facile d’accès et aisé à mémoriser. De là, des chansons se ressemblant toutes, pour notre plus grand bonheur. Pas mal de hits dans le tas, le plus évident restant Place & times (que (Presque) Fameux, avec sa grande bonté, ne vous propose pas d’écouter).
Bref, pas un grand disque, mais un bon disque. Pas un grand groupe, mais un bon groupe. Une valeur sûre. Un héritage intemporel, en quelque sorte...