Il est des signes qui ne trompent pas. Trois types habillés de salopettes rouges qui posent en pleine cambrousse devant un tracteur vintage, ça pue le pédophile en goguette. Passez-leur des masques évoquant d'étranges insectes et vous obtenez la frange hardcore des fans français de The Locust. Mais glissez-leur des instruments entre les mains et ce trio de suspects en puissance se métamorphose en véritables artistes.
Reste quand même le tracteur vintage. Collector, le véhicule agricole l'est au moins autant que la musique du trio. Pour faire simple, Los Di Maggios honorant The Queers peut être considéré comme plus progressiste que Cannibal Mosquitos. Ces gens-là fouillent carrément les poubelles du rock primaire. Riffs antiques, ambiance minimale, samples surexploités, ces moustiques cannibales explorent méticuleusement la décharge musicale. Optique développement durable, à fond de recyclage. Tri appliqué, sélection rigoureuse. Leur but: le brut. Rude, frontale, basique, leur musique sortie des trash can est rude, rêche et sacrément fière de l'être. Encore plus frustre que les Vierges adolescents (si si). En neuf chansons, enregistrées à l'ancienne, CM fait le tour d'une scène qui n'a jamais cessé d'exister, se plaçant sur l'échiquier d'un revival perpétuel, telle une dame de pique installée tout en haut d'un château de cartes en rénovation continuelle. Rage rauque, sueur froide et heureux larsens, rock and roll mes frères, le trio paie son dû aux générations de dézingués ayant exercé avant eux. Il le fait bien, avec férocité, humour et vénération.
Ceci n'est pas un disque novateur, ceci n'est pas un disque passéiste. Juste un bon coup de pied aux fesses que te remet le dard en place.
