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Fameuse radio!


Au fait, retrouve (Presque) Fameux sur
et le (presque) Myspace

Qui es-tu, (Presque)?

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coooolagos

 


23 mai 2008 5 23 /05 /mai /2008 14:34


Je m'interroge souvent sur les éléments visant à réussir un mix. Peut-être parce que cette idée me taraude, je me demande s'il vaut mieux bâtir un set cohérent ou pousser les disques à la vas-y comme je t'envoie. Je pense souvent, à l'instar de, disons Ellen Allien sur Boogy Bytes Vol.4, qu'un set doit être quelque chose d'harmonieux et précisément pensé. Soulignons que j'ai passé une partie de ma (longue) adolescence dans une cave, à écouter des mixs techno. Les mecs bossaient sur Technics, maniaient du vinyle et tentaient désespérément de parfaitement enchaîner, fondre, marier, un disque à l'autre. Un travail d'orfèvre sonore auquel nous assistions en grillant des joints à la chaîne. Se posent alors deux problèmes: celui de la technique proprement dite et celle du matériel usité. Un mix cohérent exige évidemment des morceaux se classant peu ou prou dans le même genre. On peut ainsi ouïr des mixs chirurgicalement réalisés mais très ennuyeux en raison de leur sélection. Histoire de goût et de couleurs…

Un de mes potes, qui me faisait écouter les répétitions de nouvelles chansons de son groupe, éclaircit sans le savoir la question de la seconde option. Lorsque je lui fis remarquer que la structure de leurs morceaux restait invariablement la même, il eut cette réponse: "On s'en fout, nous on veut faire faire des bonds aux gens." Leur souci d'efficacité se concrétise par l'écriture d'une musique codifiée, un style transgenre mais précis, qui démonte avec la même rigueur ma tentative d'analyse. Pas vraiment : chaque titre comporte des parties bien précises, alternance de moments forts, respirations, section libre, final effréné. Si chaque titre peint un monde, chaque mix s'avère donc une seule chanson. Four Tet a donc écrit une superbe chanson de 20 titres, mix qui se gausse aussi bien des frontières que des lois de l'apesanteur.

Jolie pirouette cacahouète, n'est-il pas? Son set, foutraque, érudit et enthousiasmant, comporte plusieurs phases, montées, descentes, variations. Il met surtout à jour de superbes pépites, signées de noms quasi inconnus du plus grand nombre. Les ayant déjà entendu, beaucoup réagiront néanmoins comme avec les classiques de la littérature, que tout le monde avance avoir lus. J'avoue spontanément qu'en 2006, lorsque j'ai reçu ce promo, entre le goût très particulier du visuel, et l'étude de ces noms, j'ai grimacé. Deux ans plus tard, je l'écoute encore.
Je ne l'aime pourtant pas entièrement. Déjà, dans son souci (ou plutôt son désir) d'éclectisme, F.T a placé un titre jazz assez éprouvant pour continuer à prolonger mon aversion du jazz. Il a aussi inclus quelques morceaux hip hop pas franchement tuants, genre de créations linéaires, typiques des années 90, pas d'idées renversantes, pas de mur du son, du flow sur du beat.
Le reste est nettement plus intéressant. F.T a choisi des morceaux qui, quelle que soit leur époque, s'accorde à l'idée de futurisme. Sons travaillés, absence de formalisme, projections outre classicisme. Pas forcément fun, on est souvent pas loin de Pierre Henry, mais l'ensemble est si riche en oxygène qu'on sort du mix ragaillardi. Du surcroît, même s'il ne mélange pas toujours les pistes entre elles, F.T créé des enchaînements assez magnifiques. Celui de l'ouverture, mariant le bizarre David Behrman à l'electro folle de Syclops permet de se faire une idée du potentiel du bonhomme. Le second enchaînement fait évoluer, pas sans classe, les bruits distordus des Syclops à la soul ultime de Curtis Mayfield. A ce moment-là, l'auditeur le moins réveillé comprends que ce n'est pas ce blagueur de Yorke qui est aux platines.

Tout continue de la sorte. De l'avant garde vintage (Gong), du distordu (Akufen), du bizarre (Model 500), de la transe (Animal Collective), du référentiel (Cabaret Voltaire), du digital (So Solid Crew). Ce tout mécanique ménage toutefois de dives surprises organiques, comme Shona People of Rhodesia, du traditionnel pour les férus de new age, et du pop-rock. Le choix de F.T est en cela magistral, Quickspace Supersport signant avec Superspace une chanson fatale.

C'est frais en dépit de l'âge des titres, varié pas pour se la jouer cool, un rien arty mais intrinsèquement viscéral. En ces temps de formalisme et de recadrage général, n'hésitez pas à choper ce mix, rare à tous les sens du terme.

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16 mai 2008 5 16 /05 /mai /2008 13:59
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OK, ce disque est sorti voilà 6 mois, mais qui se soucie de ce genre de détail ? Tant de disques sont sortis ces 6 derniers mois… Combien d'entre eux méritent-ils d'être retenus ? En tant que critique, j'en suis à 5, précisément qui sont sur ce blog dévoilés. Ca ne fait pas beaucoup, me direz-vous. Allez plutôt dire ça aux producteurs, voire aux promoteurs, qui n'ont pas l'indécence de TOUT m'envoyer.

La cheap introduction passée, il convient à présent de détailler en quoi Great Vengeance & Furious Fire est un disque parfait. Annoncer que je le trouve bien au point de le diffuser très souvent sur ma chaîne riquiqui étant un peu court, je dois m'atteler à la tâche en imaginant être rémunéré. Quoique… A la réalité, mieux ne vaut pas imaginer cela, mes écrits tarifés n'étant pas forcément représentatif du fond de ma pensée. Concernant la musique (je rassure mes commanditaires), je dispose de si peu de place que je dois faire vite, condenser, résumer, donc simplifier. Et la simplification, si elle est efficace en football, n'est pas nécessairement gage de véracité. Il existe toujours une marge d'erreur, ou mieux, d'imprécision. J'ai créé ce blog pour justement éradiquer ce terme.

Donc, mettons-nous y, The Heavy est merveilleux. Voilà un groupe qui marie, comme peu de formations savent le faire, des influences aussi disparates que le hard rock à l'ancienne, la soul millésimée, l'accroche pop et le rock grandiloquent. Beaucoup s'y sont risqués, peu ont réellement abouti. The Heavy est l'une des rares tentatives franchement réussie de ce genre impitoyable : si la sauce ne prend pas, c'est atroce. Le disque est suffisant, bruyant, sous inspiration éhontée, périmé. Si la concorde emporte tout ce beau monde vers la voie lactée, c'est le succès assuré. The Heavy l'obtient, et néanmoins pas assez. Pourtant, marier avec autant d'évidence cuivres et guitares, chœurs féminins et saturations, l'ensemble sans se voir taxer de pilleurs de tombe n'est pas chose aisée.

C'est précisément ce qui démarque ce groupe du lot des formations s'accrochant à ce style unissant groove et mental. Son caractère unique tient à plusieurs faits identifiables. Premièrement, un don de composition peu commun. Pas une seule faute de goût d'un bout à l'autre de l'album. Des mélodies formidables. Une construction classique mais imparable. Deuxièmement, un mix à la hauteur. Saturation délibérée, effets sonores sporadiques mais parfaitement choisis, son énorme mais point clinique. Enfin, un personnel efficient. En ce sens, le chanteur, avec sa voix fluide et délicate, ses intonations et petits cris, charme davantage que tous ces performers la jouant en force. La musique, puissante, y trouve un répondant idéal, gage d'un sacré équilibre. Le reste de la troupe joue parfaitement bien, sans doute. Disons que les cuivres sont présents mais pas dominants, la basse massive et craquante à souhait, et qu'aucune partie superflue, ni démonstration de soli foireux, ne vient défigurer ces (déjà) standards. N'oublions pas le visuel. Carrément terrible, bien dans la norme (tête de mort) et pourtant si décalé. L'intérieur de l'objet est à ce point essentiel que les téléchargeurs, légaux ou illégaux, savent aujourd'hui qu'ils se feront quoiqu'il arrive spolier.

Bref, The Heavy a sorti un des disques de 2007 si bon que je le remets dans la course en 2008. Je suis comme ça, babe…

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1 mai 2008 4 01 /05 /mai /2008 12:00

 

Il en est du rock français comme de la littérature gay. Existe-t-il? Peut-on le définir? Est-ce du au simple emploi de la langue? En ce sens, lorsque Dirtbombs chante La fin du monde, peut-il être considéré comme un groupe français? Où se tient la démarcation littéraire entre un hétéro écrivant sur les pédés et un pédé écrivant sur les pédés? Quid du rock UK? Et tous ces groupes d'Auvergne, de Camargue et d'Alsace, sont-ils plus rock par le simple fait de chanter en anglais? Au fond, est-ce qu'on ne se fout pas de ces questions?

 

Déjà Mort fait du rock, chante en français et pourtant ne peut être taxé de groupe français. Ce terme péjoratif, complexe volontiers trimballé depuis les sixties par ses propres acteurs, glisse sur lui comme l'eau sur les plumes d'un canard. D.M (non, pas Depeche Mode) est ailleurs (et pourtant de Bordeaux). Le groupe ne se place pas sur la scène dark-hardcore-metal sur encombrée, ne propose nulle ouverture à la chanson française à texte (notre fameux concept hexagonal), n'est pas nouvelle vague. Il réinterprète au contraire admirablement l'ancienne, lame fréquentant des rivages moins densifiées que ceux où s'ébattent nos fiers adolescents amoureux de Pete Doherty. Ces jeunes gens (vraiment beaux si l'on s'en rapporte aux incessants reportages photo de Rock'n'Folk – notre Podium moderne) kiffent comme jamais ce rock vintage érodé jusqu'à la poussière. Le courant porteur où s'épanouit D.M est moins glamour. Il l'était pourtant à son origine, lorsque Metal Urbain partait jouer live en UK. Metal Urbain, notre gloire punk, un des rares combos à ne pas proposer la sempiternelle variation des hymnes Clash ou Pistols.

 

D.M fait donc du Metal Urbain. Il n'en reprend pas les titres, mais s'avance comme son rejeton naturel. De fait, il existe de nombreux rapprochements entre ces deux formations, et notamment deux usages essentiels: celui de l'electronique et de paroles décapantes. Si le premier ressort est parfaitement intégré dans la chape sonore, le second concourt à lui donner sa personnalité. Et quelle personnalité! Un auditeur non prévenu pourrait conclure, à l'étude des textes, que D.M est raciste, pédophile, partouzard, alcoolique, nazi, bref moins fréquentable que Benabar. Au fond, peut-être l'est-il, mais là n'est pas la question. Là où un Mayhem va hurler sa haine avec ses accessoires SS, D.M avoue simplement son attachement à l'adolescence, âge de toutes les tensions. Acceptant ce stade régressif, il s'autorise de fait toutes les figures autorisées par la puberté. Sûr, on entend pas ici des déclarations dangereuses à la BB Brunes. D.M parle simplement de mort, de sang, de zombies adolescents, de guerre, de vengeance, de sexualité fantasmée, de self-défense. Les personnes qui, comme eux, ont 14 ans depuis bientôt 30 ans, comprendront. Bien sûr, c'est choquant, mais peut-être moins que Madonna, la pauvre.

 

Musicalement, Metal Urbain, s'il a ouvert la voie outre-Atlantique, n'a ici jamais suscité de durables influences, les merveilleux Warum Joe ou mythifiés Berurier Noir excepté. Non content de reprendre cette tradition du nom à deux composantes dénué d'article, D.M pompe également le squelette sonore des glorieux aînés. Mieux, et c'est là le réel apport, il tapisse l'efficace simplicité de refrains pop tout à fait enchanteurs. De fait, Tête de mort, s'il est court, n'est constitué que de hits. Tete de mort, la chanson, est un hymne de guerre ouvert par une canonnade à la Panzer Division Marduk, dont il reprend le thème guerrier. La répétition du slogan est à ce point efficace que ma fille le chante en boucle, sans rien comprendre au reste des paroles. Le reste est d'ailleurs à l'avenant. Jeunesse accident, et sa répétition évolutive, d'un docte fatalisme, d'une noirceur terrible en ces temps de sécurité routière. Tsunami mon ami, le mauvais goût à son acmé, mais un refrain qui ne s'oublie pas. Rien à foutre, décharge punk, tout est compris dans le titre. Besoin de personne allie une classique construction pop avec la l'énergie du punk, l'ensemble ponctué de fétichisme niais. Bref, ça continue sur 10 titres comme ça, dans la joie, la classe et la vitesse.

OK, ce disque est sorti voilà un bail. OK, Autodéfense est un titre assez tarte, tant au niveau des paroles que de la mélodie et des chœurs à la Komintern Sect. OK, la voix du chanteur laisse parfois septique, notamment les fins de phrases, trop accentuées. OK, Déjà Mort semble trop figé dans son moule pour proposer une évolution.
Mais au fond, est-ce qu'on ne se fout pas de ces notions secondaires à l'écoute de cet opus magique?

 
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23 avril 2008 3 23 /04 /avril /2008 11:07


D'abord, j'ai eu un choc. Cette pochette, avec ces deux ploucs dépenaillés, me remettait en mémoire tout ce que j'ai toujours détesté. Baba cool, hippys, pouvoir des fleurs, new age… bah, ça fait mal aux doigts rien que l'écrire. Bref, j'ai volontiers remisé le CD pour me consacrer à des écoutes hautement plus satisfaisantes, le rock-soul de Dirtbombs ou le punk futuro vintage de DeathSet. Puis, un jour où la maladie m'a conduit à me faire couler un bain, parce qu'elle était à portée, je sortis la rondelle de l'emballage carton. Parfois, ça tient à peu de choses. Certainement que MGMT n'attendait pas que le rhûme me gagne pour conforter son buzz, mais disons que c'est dans telle circonstance que j'ai découvert le duo.

 

L'esprit, même corrompu de miasmes, fait vite le tri entre l'intéressant et le superflu, le bon et le moyen, la vague et l'écume. Une fois qu'il eut expulsé le virus et vidé l'eau du bain, le mien se mit à passer en boucle une intro de claviers redoutable, celle de Time to pretend, le mémorable hit des faux hippys. Difficile de prétendre résister à une accroche pareille. Entendue moult fois auparavant, le plan est d'une incroyable efficacité. Construite autour de ces dix secondes de bonheur, la chanson elle-même, sans nuire à telle harmonie, n'apporte rien de nouveau, de plus, de novateur. Comme dans les standards sixties, elle déroule l'ambiance, sans fausse note, toute sa puissance contenu dans une exquise progression. Signalons à ce propos le travail du son, gigantesque. La production est furieusement précise et méthodiquement énorme. Elle adopte par moment les atours de la simplicité, mais celle-ci est un leurre aussi gros que l'esprit baba des compositeurs.

 

Une seule écoute en voiture aura suffit à établir un verdict. Oracular spectacular est un excellent maxi, pas un grand disque. Il comporte bien trop de pistes dispensables. Elles satisferont peut-être les fans de la pop digitale cool et hype, elles auront du mal à empêcher l'amateur de mélodies cristallines de zapper. Notons par ailleurs une certaine absence de personnalité de l'ensemble. En bons enfants des 80's, ces jeunes gens catalysent d'importantes sources d'influences. Ils sont ainsi attirés par la pop héroïque à la Bowie – Lennon – TRex, mais aussi par le disco, la dance et l'electro. Leur disque ressemble à une déclinaison de leurs sources d'inspirations, chaque chanson, qu'on peut grouper par styles, semblant une revisitation. On a connu plus ingénieux, ou mieux dissimulés, tout cela n'enlève rien à l'efficacité de l'opus. Ce dernier touche même au jubilatoire sur le précieux (et bientôt musique de pub) Time to pretend, qui possède tous les atouts requis pour traverser les âges. Kids est une chanson très efficace qui reprend peu ou prou sa thématique. On mesure alors la dose de génie séparant le standard de la simple bonne chanson. Second gros point fort de l'album, le grandiose et obsédant The Youth. Là encore, pas besoin de vous targuer avoir tout entendu, fatalement vous sucomberez. 

 

Ces perles sont encadrés de titres qui, mine de rien, sapent rudement la morosité. Ces promesses cèdent néanmoins curieusement la place à une certaine répétition dans la seconde partie d'un disque, ne comportant que 10 pistes. Pourquoi avoir distingué MGMT, dans ce cas? Disons qu'en comparaison avec ce que je reçois, nous dépassons allègrement le stade du moyen, voire à peine convenable, pour entrer sur le territoire du bon. Cela n'empêche pas le réalisme. Sans arriver à signer une chanson: un hit comme DeathSet, l'album a au moins le mérite d'intriguer et, quand même, vous poursuivre avec quelques lignes de claviers plus tenaces que la glue. Ceux qui ont du mal à se défaire de celle de 96 tears comprendront. Les autres achèteront, non, hum, téléchargeront l'album, priorité N°1 du label, rien que ça, en ce disant que, parfois, la hype a du bon, d'autres encore se disant que, mince, on nous fait gober n'importe quoi. L'opinion quant à ce disque tient justement à cette nuance près.
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18 avril 2008 5 18 /04 /avril /2008 23:44

 

 

Autant l'avouer, j'avais laissé tomber l'affaire Dirtbombs après Ultraglide In Black. Sur ce disque, les gars de Detroit reprenait quelques pépites qui, après m'avoir chamboulées, me laissèrent assez froid. Je n'écoutais plus guère l'opus par la suite, lui préférant mes inaltérables classiques ou devant faire face à la marée d'albums encombrant la boîte aux lettres.

Cependant, quand Madame Differ-Ant me proposa de recevoir leur nouvel album, je répondis par l'affirmative, moins par nostalgie que par envie d'ouïr quelque chose d'assurément plus couillu que le rock arty (?), la pop tordue ou l'electro allemande.


La pochette me surprit déjà pas mal, comme si Dirtbombs ressortait leur premier EP enregistré à l'heure du punk-hardcore. Noir et violent, ce visuel stressant dénotait avec tout ce que mes yeux doivent endurer. Mais le vrai choc fut musical. En un sens, ce We have you surrounded sonnait comme j'aurais aimé que Dirtbombs sonne dès le début. Il reprend la sonorité globale de Ultraglide In Black mais lui adjoint une dose invraisemblable de classe, de maîtrise et de talent. Chaque riff est pesé, chaque riff est joué jusqu'à l'entêtement, et chaque riff porte en lui les germes de l'efficacité. Cette recette, pas franchement novatrice, certes, est reprise par tous les groupes garage du monde entier. L'avantage des Dirtbombs tient au vieillissement de leurs cellules. Ces gens ont pas mal d'heure de vol, de la bouteille, du recul. A l'heure où certains décuplent leurs plans sans fin et souvent sans trier comme, hum, disons les Rolling Stones ou leurs millions de descendants, d'autres les passent au tamis. De fait, le fin grillage ne retient que le plus grossier, le rock comme on dit dans les Rocheuses ou dans le Jura. Ce grossier n'est pourtant que pépite. Une sorte d'or qui n'a de valeur que pour ceux qui savent l'apprécier.

Un des autres avantages des Dirtbombs est son chanteur. D'après ce que j'ai pu glaner sur le net, le noir qui chante joue aussi de la guitare. C'est l'élément fixe d'un groupe variable et également le signataire de la plupart des chansons. Ce type là est sidérant. Il balaie une palette de styles assez large, modulant sa voix comme les Supremes, ravivant le hip hop vintage ou chantant simplement comme un chanteur de rock. D'autres font mieux, avec davantage d'emphase et trop de paillettes. Lui sonne juste à chaque fois et mieux, est convaincant. Un don qui n'est pas l'apanage de tout vocaliste, mais c'est précisément ce qui sépare Dirtbombs des milliers de groupes qui malaxent peu ou prou le même rock binaire.


J'aime We have you surrounded car il est vicieux. Il commence par une chanson répétitive (et exquise) et enquille les perles quasiment jusqu'à la fin. Entendons par perle la notion de chanson qui, bien qu'entendu cent fois, procure le délectable frisson que chaque auditeur recherche. Avec le temps et l'audition forcenée, ce frisson a tendance à se faire rare, très rare. Mystérieusement, il réapparaît ici. Parmi des dizaines de trouvailles (une basse jouant une note inattendue, des répétitions mémorables), d'interventions idéales (un chœur féminin adéquat, un solo joué par un instrument étrange), de refrains si saisissants qu'on se demande encore pourquoi ils n'ont pas été interprétés avant, soulignons deux moments à haut potentiel de frissons. Le premier est Sherlock Holmes, chanson belle, lente et fun, qu'il est difficile de ne pas passer en Répète. La seconde, doctement terminale, est La fin du monde. Chantée en français avec des paroles inaudibles (?), on l'imagine très bien, dans sa beauté classique, dans la bouche d'une Françoise Hardy sixties. Pas moins, mais c'est déjà beaucoup, et c'est dire le territoire que survole la formation.

Dans cette optique, et parce qu'un album parfait comporte quelques pistes dispensables, Dirtbombs a aligné deux compositions (?) en rapport avec la pochette, deux titres (?) investissant plus la confusion que la violence, dont un aurait très bien pu être signé par Pierre Henry. Dans le genre anecdotique, paraît aussi que le groupe joue avec deux batteurs, mais je suis assez piètre musicien pour qu'on me fasse croire qu'il y en a 3, ou 12.
Qu'importe au fond. De 2008, je suis sûr de conserver ce disque. Et c'est déjà beaucoup.

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11 avril 2008 5 11 /04 /avril /2008 13:07
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THE DEATHSET
Worldwide
Counter Records


Quand la crédibilité (?) fait que les disques saturent votre boîte à lettres, le sentiment dérangeant d'ennui est le pendant de l'excitation des premiers moments où ce fait se produisait. En amour, on rencontre également cette étrange sensation. Maintenant que (j'espère) vous pouvez répéter l'acte sexuel à votre convenance, vous souvenez-vous de votre premier baiser, de la fois où délicatement vous avez effleuré la poitrine d'une partenaire?
The Death Set parvient à rendre cette fièvre adolescente. A l'écoute du premier album du duo, vous n'êtes plus cet individu cynique et blasé qui a écouté trop de disques mais le jeune homme avide de musique, celui qui enregistrait tout sur K7 et éprouvait de vrais frissons à l'écoute de, hum, mettons l'intro de Suspect Device, des Stiff Little Fingers.
Certes, tout n'est pas parfait dans cet album. L'impression de déjà entendu reste assez prégnante, surtout pour les individus s'étant passionnés pour la première vague punk. Pour autant, quoi de mieux que la ressuscitation de cette déferlante de fraîcheur? Les compositions ne sont pas des chansons, mais des hymnes. On ne chante ici peu, voire pas, on crie. On sent bien que le travail d'écriture découle d'une multitude de concerts. La multiplication des lives a affiné, perfectionné, équilibré les chansons. De fait, pas de temps mort. Du condensé.

J'ai été emballé dès la première écoute. Un fait qui, consécutif à l' actuelle avalanche de disques, devient très très (très) rare. Je me suis demandé pendant un moment qui étaient ces gens. Le net simplifiant tout, j'ai constaté qu'ils n'étaient que d'eux, alors que je croyais avoir à faire à une plus riche formation. Je pensais aussi qu'une chanteuse participait aux vocaux. Que nenni, il s'agit d'un homme, son timbre rendu transgenre par le mixage. Sur les vidéos (que je vous conseille), on assiste au show délirant d'un gros barbu et d'un petit mince. Cette simple image me rappelle les merveilleux Dillinger Four. Ce groupe, trop ignoré, propose la même alternance de voix, la même construction méthodique des morceaux, le même espace émotionnel, le même génie mélodique. Seuls les moyens changent. DFour est punk mélodique, dans le sens le plus flatteur du terme. DSet prise l'énergie du punk autant que l'electro vintage. Ce mélange est à la mode mais l'optique un rien primesautière du duo le rend beaucoup plus attachant que, hum, disons un Poni Hoax un brin trop sérieux. C'est cette ambivalence décomplexée qui les rend unique. C'est elle qui a sans doute conduit Counter Records, sous branche de Ninja Tune, à les signer.
Bref, entre le punk hardcore à la F-Minus (Day In The Wife) en passant par le déjà standard rock (Negative Thinking) ou l'inusable et émouvant (Had A Bird), DSet produit un disque réellement intense. Ces pépites, parsemées d'interludes, donnent évidemment envie d'éprouver le groupe en concert, où il semble exceller.
Tout ça n'est au fond que musique, agencement de notes visant à divertir l'auditeur. Celles-ci sont à ce point précisément combinées qu'elles rendent ce disque mémorable.



http://www.myspace.com/thedeathset

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