L'adage stipule qu'internet est à l'image de notre société. S'il est juste, il faut voir comme notre monde craint, constate le toujours juste Ndaref. Incroyable, le nombre de tarés qu'on rencontre sur la toile. Déambulent-ils dans les rues ou sont-ils circonscrits dans leurs maudits ghettos numériques? Ndaref souhaite prestement l'établissement d'une milice du web, afin de filtrer cette innommable racaille! Dans l'attente, ce travail lui incombe. Il doit, sous les injonctions rabâchées de son supérieur, le divorcé el pendu, aller au contact des couches les plus infamantes du virtuel pour ramener la lie de la musique. Une sombre histoire d'arrangement, avait stipulé el pendu, cherche pas à savoir, écoute, écrit. Alors, quand ce mot d'ordre a été trop souvent répété, Ndaref, ce seigneur du verbe, clique sur les liens de structures affiliées et opte pour un disque au hasard. Pas besoin de s'échiner à chercher, ils se rejoignent tous sur le terrain de l'abominable.
C'est ainsi que le cas Genital Jiggling se présente. Le nom adopté par la formation, la pochette détournée, le nombre de chansons (24!), la brièveté des titres (en 16 secondes et 2 minutes) évoque immédiatement au lettré penseur un de ses odieux groupes grind. Des formations s'accordant autour d'une fulgurante violence mais également d'une insondable nullité, que n'arrange certes pas le positionnement humoristique de certains drôles. Comme si cela n'était pas assez déprimant en soit, le quatuor vient de Rouen, ville sinistrée s'il en est, et joue du fastcore. Mince. Selon toute vraisemblance, ce style voisin du grind est en train de remplacer progressivement son métallique cousin sur l'autel du mauvais goût outrancier. Résigné, le fastueux Ndaref clique sur le lecteur en laissant échapper un gémissement de déplaisir à travers l'open space.
Et là, le plus merveilleux des destructeurs de claviers est obligé de se raviser. Oh, vous le connaissez, il ne rend pas les armes si facilement. Il résiste, s'entête, et souhaite mourir correcteur orthographique à la main plutôt qu'avouer sa défaite. Peine perdue. Il en vient même à espérer, priant pour que ce bon morceau soit succédé d'une odieuse bouse, qui rendrait superflue toute chronique construite. En vain. 24 titres, quasiment rien à jeter. Les rouennais demeurent d'une impeccable constance, évoluant entre brutalité viscérale mais maîtrisée, inspiration bien plus large que leur positionnement revendiqué laisse augurer, et un humour qui fait mouche. Ce constat est très difficile à avaler et Ndaref se résigne à aligner du caractère. Que faire d'autre? Comment passer sous silence cet univers parfait décliné en 24 vignettes? Grind, metal, punk et même Oï, GJ agglomère tout et recrache des compositions toujours mélodiques en un temps record. Imparable. Sales foutus jeunes, peste Ndaref.
Après avoir rédigé son article, fatalement élogieux, Ndaref écoute l'album mythique de Blood Duster pendant que son antivirus scanne son disque dur. On fait parfois de sales rencontres sur le oueb...
jetter une oreille? http://genitaljiggling.bandcamp.com/