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Fameuse radio!


Au fait, retrouve (Presque) Fameux sur
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Qui es-tu, (Presque)?

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coooolagos

 


1 mai 2008 4 01 /05 /mai /2008 12:00

 

Il en est du rock français comme de la littérature gay. Existe-t-il? Peut-on le définir? Est-ce du au simple emploi de la langue? En ce sens, lorsque Dirtbombs chante La fin du monde, peut-il être considéré comme un groupe français? Où se tient la démarcation littéraire entre un hétéro écrivant sur les pédés et un pédé écrivant sur les pédés? Quid du rock UK? Et tous ces groupes d'Auvergne, de Camargue et d'Alsace, sont-ils plus rock par le simple fait de chanter en anglais? Au fond, est-ce qu'on ne se fout pas de ces questions?

 

Déjà Mort fait du rock, chante en français et pourtant ne peut être taxé de groupe français. Ce terme péjoratif, complexe volontiers trimballé depuis les sixties par ses propres acteurs, glisse sur lui comme l'eau sur les plumes d'un canard. D.M (non, pas Depeche Mode) est ailleurs (et pourtant de Bordeaux). Le groupe ne se place pas sur la scène dark-hardcore-metal sur encombrée, ne propose nulle ouverture à la chanson française à texte (notre fameux concept hexagonal), n'est pas nouvelle vague. Il réinterprète au contraire admirablement l'ancienne, lame fréquentant des rivages moins densifiées que ceux où s'ébattent nos fiers adolescents amoureux de Pete Doherty. Ces jeunes gens (vraiment beaux si l'on s'en rapporte aux incessants reportages photo de Rock'n'Folk – notre Podium moderne) kiffent comme jamais ce rock vintage érodé jusqu'à la poussière. Le courant porteur où s'épanouit D.M est moins glamour. Il l'était pourtant à son origine, lorsque Metal Urbain partait jouer live en UK. Metal Urbain, notre gloire punk, un des rares combos à ne pas proposer la sempiternelle variation des hymnes Clash ou Pistols.

 

D.M fait donc du Metal Urbain. Il n'en reprend pas les titres, mais s'avance comme son rejeton naturel. De fait, il existe de nombreux rapprochements entre ces deux formations, et notamment deux usages essentiels: celui de l'electronique et de paroles décapantes. Si le premier ressort est parfaitement intégré dans la chape sonore, le second concourt à lui donner sa personnalité. Et quelle personnalité! Un auditeur non prévenu pourrait conclure, à l'étude des textes, que D.M est raciste, pédophile, partouzard, alcoolique, nazi, bref moins fréquentable que Benabar. Au fond, peut-être l'est-il, mais là n'est pas la question. Là où un Mayhem va hurler sa haine avec ses accessoires SS, D.M avoue simplement son attachement à l'adolescence, âge de toutes les tensions. Acceptant ce stade régressif, il s'autorise de fait toutes les figures autorisées par la puberté. Sûr, on entend pas ici des déclarations dangereuses à la BB Brunes. D.M parle simplement de mort, de sang, de zombies adolescents, de guerre, de vengeance, de sexualité fantasmée, de self-défense. Les personnes qui, comme eux, ont 14 ans depuis bientôt 30 ans, comprendront. Bien sûr, c'est choquant, mais peut-être moins que Madonna, la pauvre.

 

Musicalement, Metal Urbain, s'il a ouvert la voie outre-Atlantique, n'a ici jamais suscité de durables influences, les merveilleux Warum Joe ou mythifiés Berurier Noir excepté. Non content de reprendre cette tradition du nom à deux composantes dénué d'article, D.M pompe également le squelette sonore des glorieux aînés. Mieux, et c'est là le réel apport, il tapisse l'efficace simplicité de refrains pop tout à fait enchanteurs. De fait, Tête de mort, s'il est court, n'est constitué que de hits. Tete de mort, la chanson, est un hymne de guerre ouvert par une canonnade à la Panzer Division Marduk, dont il reprend le thème guerrier. La répétition du slogan est à ce point efficace que ma fille le chante en boucle, sans rien comprendre au reste des paroles. Le reste est d'ailleurs à l'avenant. Jeunesse accident, et sa répétition évolutive, d'un docte fatalisme, d'une noirceur terrible en ces temps de sécurité routière. Tsunami mon ami, le mauvais goût à son acmé, mais un refrain qui ne s'oublie pas. Rien à foutre, décharge punk, tout est compris dans le titre. Besoin de personne allie une classique construction pop avec la l'énergie du punk, l'ensemble ponctué de fétichisme niais. Bref, ça continue sur 10 titres comme ça, dans la joie, la classe et la vitesse.

OK, ce disque est sorti voilà un bail. OK, Autodéfense est un titre assez tarte, tant au niveau des paroles que de la mélodie et des chœurs à la Komintern Sect. OK, la voix du chanteur laisse parfois septique, notamment les fins de phrases, trop accentuées. OK, Déjà Mort semble trop figé dans son moule pour proposer une évolution.
Mais au fond, est-ce qu'on ne se fout pas de ces notions secondaires à l'écoute de cet opus magique?

 
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