Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Fameuse radio!


Au fait, retrouve (Presque) Fameux sur
et le (presque) Myspace

Qui es-tu, (Presque)?

f.png  

coooolagos

 


17 novembre 2008 1 17 /11 /novembre /2008 12:32

 

 



 Je me sentais particulièrement démoralisé en me présentant à la concession du constructeur allemand. Le dévoué salarié m’y attendant allait pourtant me remettre les clés d’un cabriolet flambant neuf, que j’avais pour mission d’essayer.

Nous étions en 2007 et j’appointais dans un journal automobile, signant toutefois des piges dans tous les titres qui voulaient bien me laisser parler de musique. Je cumulais ces fonctions par nécessité, mais au fond de moi demeurait, accroché comme un lichen à la crête venteuse, l’espoir de devenir un jour chroniqueur respecté, et si possible riche.

Après les précautions d’usage, le concessionnaire me pria de m’installer dans ce bolide capoté, dont le tarif dépassait le cap, pas si mental que ça, des 100.000€. Je sortis du luxueux garage en le saluant d’un coup de klaxon. Dur métier.

 

Afin de faire coïncider mes deux activités, je décellophanais un CD tombé dans ma boîte aux lettres peu avant. Il s’agissait d’une réalisation de producteurs allemands baptisés Snowgoons. Ces gens, à peine célèbres entre leurs frontières, avaient réussi à attirer sur leur production pléiade de rappeurs américains, inconnus des personnes n’ayant pas juré allégeance au souverain hip hop. J’étais un pauvre français circulant dans un cabriolet germain grand luxe, ils étaient d’ignorés activistes bavarois recevant sur leurs pistes la crème de l’underground. En un sens, et sans même avoir écouté la traitre note de musique, ces raccourcis me plaisaient.

 

Dès la première chanson, Heads or trails, je m’arrêtais et ôtais la capote de cette bombe motorisée. Ce que j’avais entendu me ramenait des années en arrière, aux grandes heures où les tracks gabber détournaient à qui mieux mieux toute sorte de classiques. Le morceau sonnait comme du pur hip hop de rue, lourd, agressif, des tas de voix belliqueuses dégainant leur graves propos. Il faisait 7° dans cette citée brumeuse, mais je n’en avais cure et préférais me geler plutôt que remiser par devers-moi tel morceau d’anthologie. Je testais la puissance de la sono au grand air, faisant cracher à plein volume la vingtaine de haut-parleurs répartis dans l’habitacle de cuir noir. Au feu rouge, les passants s’étonnaient de cette voiture flambant neuve conduite par un manant assourdissant. Puis ils détournaient la tête, envieux de mon sort et accablés du leur. Les jeunes gens, casquettes portées à l’envers et 106 tunnées, n’en croyaient pas leurs yeux et bavaient littéralement sur leur planche de bord délavées. J’étais au volant de la bonne voiture avec la bonne musique, OK pas dans la bonne citée, mais j’étais ultime, parfait. N°1 dans la ville, cliché blingbling assumé, bientôt toutes les filles du comté allaient se tailler des shorts XXS dans leur jeans et se frotter langoureusement contre ma carrosserie, juste pour la polir.

 

Au second morceau, les miss pouvaient dégager et les ganstas pointer leurs muscles, tatouages et flingues. Place à la sainte puissance. Who what when where s’illustre à ce sujet comme une sorte de maître étalon. Le refrain tombe comme une pluie de coups, plongeant l’auditeur dans une transe brutale. Snowgoons cherche la radicalité et, avec la grâce et l’élégance d’un panzer, l’obtient dans des proportions sidérantes. Assourdi par les basses, je poussais moi-même la voiture dans ses retranchements. Je titillais ses 250ch sur route ouverte, testais son phénoménal couple (mes cervicales s’en souviennent), appréciais sa tenue de route en enfilant les ronds-points comme une toupie folle. Rien à reprocher à l’engin, même ses dérapages restaient coulés. Une pluie fine et froide tombait sur cette région sinistrée mais je roulais fier sous le crachin, écrasant le bitume de ces septentrionales contrées, répandant Snowgoons en disciple, quoique disciple éclairé. J’avais rapidement noté qu’en dehors des hits présentés d’emblée, les allemands répétaient leurs gammes. Ils ralentissaient le rythme, faisaient crisser les claviers, chantaient sans doute le monde tel qu’il l’est, mais avec la finesse, la pertinence et l’originalité d’un brise-glace. Peu importe, je faisais tourner les deux chansons en boucle, les hurlant en appuyant à fond sur la pédale d’accélérateur.

 

J’ai terminé dans un fossé, après avoir traversé un carrefour. Finalement, les disques de frein, pourtant d’un appréciable diamètre, ne suffisaient pas à stopper cette bête racée mais touchée d’embonpoint. Les pneus, quoique surdimensionnés, ne possédaient pas l’adhérence de leurs prédécesseurs, écartés par la firme pour raison économique. La direction, souple et trop assistée, manquait de précision. Les airbags avaient par contre parfaitement fonctionné, le pédalier s’était comme prévu rétracté, et la structure de caisse, renforcée, avait efficacement enduré le choc. J’étais sain et sauf, et deux heures plus tard licencié par le journal automobile, le lendemain sur la liste noire de tous les concessionnaires du pays.

 

Le lendemain, je postulais chez (presque) Fameux.

 

Hey, retrouve mes meilleurs essais dans la vidéo suivante :

 
Partager cet article
Repost0

commentaires

L
<br /> heureusement qu'il y a tes chroniques !<br /> parceque l amusique ... <br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> la tête et la queue sex pussy and co etc ...<br /> <br /> <br />
Répondre
N
ola<br /> oui, ça me branche. (Presque) Fameux sacrifie d'ailleurs à la pratique en chaque fin d'année. <br /> pas de souci, donc.<br /> pice!
Répondre
F
Salut !<br /> J'aimerai que l'on mette en commun, sur nos blogs respectifs, nos classements 2008 : meilleurs disques, films, b.d.<br /> J'ai déjà soumis l'idée à Alex, christorama, crocnic, B.O.D, etc..Tous des blogs amis très sympa et cool.<br /> Si cela te branche, contact moi. Je compte les publier au tout débuts janvier 2009 ! Merci d'avance.<br /> A + et bon vélo !!!!!!!
Répondre
A
Tu roules en vélo maintenant ?
Répondre
N
<br /> ola<br /> je ne peux, n'étant plus payé pour (presque) le faire, indiquer la marque de ce cabriolet où pavanent nb joueurs de foot professionnels.<br /> je roule effectivement en vélo mais ne souhaite, par défaut de sponsoring, indiquer sa marque. <br /> pice <br /> <br /> <br />