Vous êtes sans doute l’objet d’un tas de questions sans réponse. De toutes, une prime. Quand vais-je enfin être reconnu à ma juste valeur ? Si nul ne sait quand cela doit se produire, si jamais cela doit se produire, certains ont eu la chance de franchir la barrière de l’incertitude. The Features est de ce nombre.
Admettons que vous jouiez dans un des millions de groupes rock s’amplifiant sur la croute terrestre. Vous avez de la chance dans votre malheur : vous venez des Etats-Unis, plus précisément de Sparte, et non d’un coin aussi craignos que la Serbie, l’Ethiopie ou l’Ile de France. Cependant, votre dose de chance se dilue dans un océan de malheur : à l'est de Nashville, Tennessee, des centaines d’autres groupes se la montent rock. Pas aussi bien, pas aussi mal, mais différemment, et c’est égal. Vous jouez dans votre garage puis, quand les hormones le commandent, vous vous trouvez une scène où des gens vous regardent, parfois. pas de belle gueule cassée craquante, dommage. Vous sortez un EP, vous sortez un CD, rien ne se passe vraiment, alors vous continuez. Votre second disque est bien accueilli, vous êtes tenu pour un espoir, pas au sens commercial. Et, sur nos terres marchandes, c’est condamnable.
Mais voilà qu’un jour la chance tourne. A force d’user du cocktail disques autoproduits – tournée péraves – travail acharné, vous suscitez une certaine attention. Un groupe du coin, passé en première division, s’intéresse à votre sort. Vous signez sur le label des King Of Leon, qui ressort à son compte votre second CD, Some kind of Salvation, officiellement publié en 2008. Et vous voilà autorisé à fouler les pelouses de la troisième league : pas encore rentable, mais désormais référençable.
Et ce second disque, alors ? Lorsqu’on aura avancé que Some kind of Salvation possède en ses 14 pistes plusieurs promesses de hits, genre Lions, voire carrément de superbes BO de pub, genre Lions, consécration moderne du talent musical, on aura exposé le potentiel de l’album. Quand on aura annoncé que cette pop lumineuse, opulente et accrocheuse trouve son inspiration aux sources des Beatles, Pixies, Elvis Costello, World Party et autres Submarines, on aura (presque) rendu compte de l’immédiateté et l’efficacité créative du combo. Quand on aura enfin exposé que The Features, sans rien révolutionner, possède une pate, une touche, sa propre personnalité, eh bien on réalisera que sa reconnaissance tombe alors de fait.
Belle leçon de persévérance, hein, toi qui espère changer ta vie grâce à l’Euro Million.
