8 février 2010
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Beaucoup de monde pour estimer en direct la réelle qualité de la formation anglaise. Question fondamentale : le quatuor va-t-il confirmer live la haute tenue de ses deux disques (le sidérant Great vengeance and furious fire, publié en 2007, et le plus posé The House That Dirt Built, objet de la présente tournée) ou s’écrouler comme un soufflé devant nos yeux effarés ?
La plupart des personnes, impressionnées par les captations de concerts abondant sur le net, savaient d’avance qu’elles ne seraient pas déçues. Et de fait, niveau qualité d’exécution, aucune déception. Le quatuor se plait d’emblée à jouer les titres les plus soul de son répertoire avant de passer, suite à la chanson fort popisante vocalisée par le guitariste, à ses morceaux les plus énervés. Excellant dans ce registre comme dans l’autre, on peut néanmoins s’étonner de pareille disjonction. Certes, telle structuration suit une certaine progression et contribue à faire irrésistiblement monter la pression. A contrario, elle tend (presque) à démontrer que le groupe ne sait pas sur quel pied danser. Soul, blues, pop, hard rock vintage ? Alors que justement la formation s’illustre sur disque par la perfection de telle fusion, elle isole sur scène le particularisme de ses influences distinctes. De surcroît, non content d’exposer si clairement les rouages de chaque chanson, The Heavy ralentit sciemment le rythme pour mieux nous en laisser apprécier les infimes détails. Les samples (cuivres, chœurs, applaudissements) semblent avoir été freinés et, les musiciens se calant sur cette cadence, l’ensemble devient alors, par moment, sérieusement pesant. Dérangeante aussi cette impression de gérer le temps. The Heavy est certes lancé dans une grande tournée, observer un si strict timing et surtout le faire sentir gâche un rien le plaisir. L’abandon et la générosité de Mass Hysteria, eux-mêmes engagés dans un vaste tour, sont en comparaison autrement appréciables...
En conclusion, cette prestation séparatiste récolte les fruits de sa conception. Les amateurs de soul gracile et appliquée auront davantage apprécié la première partie que la seconde, les férus de rock puissant et inspiré le contraire, évidemment. Reste que, quelque côté qu’on se place, on ne peut que s’incliner devant le savoir-faire des artistes, en ayant une pensée spéciale pour Kelvin Swaby, dont l’éclat de la chemise blanche et l’élégance de la présentation sont à la hauteur des performances vocales. On attend désormais plus de sueur, de frénésie et de saturations pour le show des fringants Skip The Use, annoncés dans quelques temps dans cette même salle.
(Live saisi à Paris (France) quelques jours plus tôt. Un bon aperçu du show de The Heavy avec Girls, finissant sur le même emprunt-hommage aux divins Kinks)
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