Vous voulez de l’outrageux, de l’outrancier, du démesuré ? Apprenez alors que Hollywood Undead, groupe dispensable, recense plus de 501.000 amis sur MySpace. C’est d’ailleurs cette cote d’amour record qui avait poussé MySpace Record à publier leur (dispensable) disque. Parmi les fiers possesseurs de troupeaux de friends, comme il est bon de les nommer, distinguons Lilly Allen (440.000 potes) ou les Artic Monkeys (104.000 copains), mirifiques échappés de l’incognito qui à eux seuls ont boosté comme jamais ce site interactif. L’intérêt d’avoir des amis sur MySpace n’aide désormais guère à se forger une carrière et prouve en définitive peu de choses. Au contraire, suivant l’adage religieux stipulant que les derniers seront les premiers, il ne faut dès lors pas s’étonner de constater que les moins bien lotis en amitié ne sont pas les plus inintéressants. C’est alors avec une quasi satisfaction que nous avons découvert que The Rakes avait, début avril 2009, ‘seulement’ 60.000 amis.
En tant que journaliste extraordinaire (j’ai la carte de membre – N°6- Ndaref), je suis tenu à une certaine réserve. Je n’en suis cependant pas moins homme. Et force d’avouer que l’individu qui se terre sous le professionnel aux réactions jansénistes croasse comme un crapaud buffle à l’évocation de The Rakes. Ce comportement déviant est joyeusement avalisé par el pendu, soulagé d’enfin me payer pour causer de musiques commerciales plutôt qu’assurer mon salaire pour lire mes essais de voitures foireux, cascades informatiques et autres évocations de ma catastrophique vie maritale. The Rakes est en effet tenu comme un groupe commercial. Leur premier album, Capture – Release, les a fait exploser au niveau mondial grâce à deux hits, prestement convertis en musique de pub. Cependant, l’album contenait également Strasbourg, décharge aussi mélodique que séminale. Chez (Presque) Fameux, on a grave aimé.
Nous n’avons pas écouté le second album, pour des raisons aussi confuses que variées. En ce qui me concerne, moi l’occupant de la case N°6, c’est tout bêtement car je n’ai pas reçu l’opus, qui fut jugé par mes confrères, ces menteurs, mi figue mi raisin. Ces amoureux des images maraîchères s’étaient de toute manière dépassionnés du quatuor, bien trop vendeur et no look pour eux.
Arrive alors le troisième album, dit de la maturité. Les femmes matures tournent, dans certaines productions que divers collaborateurs adorent, des films particulièrement outrés. Tel est également le cas de The Rakes, lesquels revoient la puissance et l’immédiateté du premier album du haut de leur expérience. Avouons-le tout de suite, Klang est une pépite. D’aucuns décrieront sans doute le côté trop évident du groupe, pas assez recherché, peu expérimental. Mais, à l’instar des Ramones (hello tonton !), la formation se contente de faire ce pour quoi elle est douée : des chansons qu’il est difficile de se sortir de la tête. Parmi elles, That’s the reason, vraie vis cérébrale, ou 1989, et son faux air de Police vintage, sans doute future musique de pub. Pour ce qui est des rapprochements nominatifs, The Rakes nous fait songer à un Joy Division qui aurait beaucoup écouté Pixies et les Jam, curieuse in approximation qui nous ouvre un boulevard aussi large qu’un ailier ayant débordé son arrière. Plus explicitement, il ne fait aucun doute que sur ce terrain du ‘nouveau’ rock dansant, The Rakes est notre préféré. Il semble aussi l’être de quelque 60.000 entités, bien que de nombreux doutes soient permis à ce sujet.
Enfin, et quoiqu’il advienne, il n’est pas besoin d’être digitalement apprécié pour exister. En témoigne, The Aquatics, groupe français de reggae, qui sur leur page commente sa politique MySpace :
« Nous sommes visibles sur myspace car c'est un outil indispensable aujourd'hui pour la visibilité des groupes émergents. Toutefois nous n'en faisons pas la promotion auprès de notre public. Myspace étant contrôlé par un grand groupe dont nous dénonçons les pratiques. Notre site existe déjà pour notre promotion (www.theaquatics.net). Nous acceptons les demandes de friends, exceptées celles relevant de caractère commercial. »
N’oublions pas non plus l’extrapolation myspaciennedu ‘meilleur bloczine au monde’ (dixit Paul Ricard) qui, forte de 50 amis, ne reçoit que ceux dont (Presque) Fameux parle. Si vous voulez intégrer le club, enregistrez un disque, envoyez-nous votre œuvre et priez. Nous refusons toute autre proposition. Nous sommes inflexibles, mais convaincus d’avance, dear friends, que vous comprenez les tenants et aboutissants de cette politique extrémiste.
