On your own again est sans doute un des disques qualifié électro qui a les plus tourné chez moi, ces temps derniers. Sur ma triple platine, il se tape néanmoins une sévère bourre avec Sayem (Phonogénique – 2007) et le dernier Sniper, ce qui dans ce cas était au départ tout bonnement improbable. Point commun entre l'album du mexicain (Cubenx) et celui du french (Sayem)? Ils ne font pas de l'electro au sens conventionnel du terme, ou du moins celui généralement entendu.
Et c'est franchement tant mieux! A l'instar d'un Readymade FC (bon sang, comment un créateur pareil a-t-il fait pour passer à travers les mailles de la renommée?), le chicanos a ôté ses œillères. L'instrumentation digitale est de la sorte entièrement mis au service de son imagination, qui s'avère bel et bien polymorphe, quoique toujours placée sous le joug d'un puissant onirisme. L'homme jongle ainsi entre divagations éveillées et rythmes crépusculaires en passant par des balades chœurs et piano ou des durcissements post new wave. Tout ça est très inspiré, enfin (presque), et rarement ennuyeux, ce qui s'avère exceptionnel dans ce style d'albums orientés autour du son (là, avalanche de noms d'artistes, originellement en provenance d'Allemagne, de tout coin du globe aujourd'hui).
Alors, OK, On your own again n'est franchement pas un album novateur, ni même un disque qui va marquer son temps. C'est juste l'opus qu'il te faut quand l'hiver pointe et que le temps est gris, qu'il fait beau et que tu te sens seul, qu'il pleut et que tu es défoncé à un dérivé d'opium, que tu prépares une tarte et que ta chérie dit: c'est bien, ça, quand même, que tu conduis et qu'autour de toi les gens s'insultent, que tu écris un texte et que tu as besoin d'une musique qui ne te distrait pas... Beaucoup d'occurrences en quelque sorte.
En conclusion, ce disque majoritairement instrumental possède cette sorte de classe et de recul qu'on attribue aux albums racés. Pas les plus connus, pas les encensés, juste ceux qu'on aime écouter et dont le jugement n'est pas perturbé par trop de fausses publicités. Le temps dira simplement s'il pourra se colorer du caractère intemporel de Phonogénique (Sayem) ou du miraculeux Babilonia (Readymade FC)...
