Un jour, tu reçois le deuxième album pour l'ancien chanteur d'Asian Dub Foundation. Et là tu te souviens d'Asian Dub Foundation, groupe anglais formé de descendants pakis qui envoyait une fusion hautement revigorante. Très hype à la fin des années 90, ce groupe a peu ou prou connu le destin d'un Urban Dance Squad: les louanges puis la poussière. Pas assez opportunistes ou trop intègres, leurs noms évoquent un passé si proche et pourtant terriblement lointain, à l'instar des groupes comme The Smiths, Téléphone ou De La Soul, tour à tour encensés, canonisés, oubliés.
Ceci dit, on n'en a rien à foutre. Après tout, le pétrole que nous cramons était à l'origine de la matière organique. Tout cela est dans l'ordre des choses, comme il est logique que Deeder Zaman, avec son grain de voix si particulier, continue à vocaliser sur de nouveaux disques. Enfin, les disques sont nouveaux, pas ce qu'on entend dessus - du pur reggae. On se dit qu'un type qui a œuvré dans un truc indo punk indus truc va déséquilibrer les fondamentaux de ce style ou du moins y apporter des ingrédients un rien différents. Que dalle. Ca reste du reggae, d'ailleurs travaillé sous la houlette d'Adrian Sherwood, ponte du dub, et du bon reggae, enregistré dans une optique intemporelle, pas cette daube de dancehall digital comme les allemands en produisent tant.
Bref, qui se souvient d'ADF et espère trouver dans ce disque des réminiscences de cette formation déchue sera déçu, et dans les grandes largeurs: à peine une chanson véritablement composée dans une optique ethno punk. Les amateurs de reggae seront pour leur part comblés, les compositions s'accordant autour d'une ultime recherche mélodique, recherche aboutie il va sans dire. Les autres, soit un gros contingent, peuvent tranquillement continuer de conjuguer leur vie au présent.
