C’est toujours quand on ne s’attend à rien qu’on tombe sur l’exceptionnel. Prenons le cas Mass Hysteria. Entre Nikla Carotte, qui déclarait à l’envi combien les textes et l’attitude messianique du chanteur n’arrivaient pas à la hauteur de la musique, et le regard désabusé de Georges Poutre à l’évocation de leur nom, le reporter ne s’attendait, au fond, à pas grand chose en se rendant à l’Usine, salle immense de la ville d’Istres.
La première partie avait tendance à confirmer ce fait. Croisant le son gras de Motorhead, l’attitude pop de Turbo Negro et l’approche sauvage d’un Zeke, Headcharger, au pedigree donc enthousiasmant, n’en subissait pas moins le traditionnel accueil réservé aux premières parties : poli. Cela motiva au début le quintet à se surpasser – chanteur harangueur droit sur les retours, guitares sur la tête à la fin de chaque morceau, musicien aux bras tendus lors des passages intenses des chansons – avant qu’il ne comprenne que cela ne s’améliorerait jamais. Le vocaliste déclara alors à l’assemblée qu’elle détenait la palme du public le plus ridicule, puis tout s’acheva, ni bon ni mauvais. Une mise en bouche, comme on dit.
Ceint du grand DevilStick et ses amis, nous avons devisé quelques temps du traditionnel accueil froid que réserve au public sudiste aux musiques autres que dansantes ou festives. Les musiciens de Mass Hysteria, mine de rien, cultivaient peu ou prou le même. Le chanteur avoua ce fait entre deux chansons, sidéré de la réponse de l’auditoire. Celui-ci s’enflamma en effet d’emblée pour le groupe et ne relâcha jamais son soutien au cours de la prestation, avouons-le énorme. Entre murs de guitare et bons mots du vocaliste, puissance du batteur et attitude fraternelle, Mass Hysteria a lavé des années d’aprioris dans un mélange parfait entre titres de la première époque et ceux du dernier album, franchement bon. Devant scéniquement plus aux Wampas qu’à Biohazard (en dépit de la sur musculature du guitariste), le groupe a enchaîné les titres dans un son parfait, passant allégrement de la furia indus danse metal les ayant distingué à ceux plus lourds et carrés, pur produit de notre époque.
(ok, c'est pas les bonnes vidéos, mais t'étais où, hein, le vidéaste numérique?)
Au final, surprenant est l’effet que fait cette formation étrange. Physiquement dissemblables au possible, semblant tous concernés par différentes problématiques, le groupe délivre cependant un message positif et constructif qui, en ces temps de froid mépris et de misérable cynisme, s’avère on ne peut plus rafraichissant. Comme à un concert des Wampas (décidément), on sort de là le sourire aux lèvres, oreilles et cervelle apaisées. Merci.