Il est de bienheureuses coïncidences. Ainsi, c'est au moment où Ndaref pose sur sa platine City baby attack by rats que GBH sort un nouvel album. Il s'agit là effectivement d'une bienheureuse coïncidence, car si GBH avait calqué le rythme de ses publications sur le nombre d'auditions de City baby attack by rats par Ndaref, leur discographie serait quasi millionnaire.
City baby attack by rats est un disque ayant marqué une génération. Sorti en 1982, l'album apportait une nuance de violence entre la voie sans issus dans laquelle s'engageait The Exploited et leur Punk pas mort et le boulevard crust que pavait Discharge. Radical et excessif, ne contenant qu'hymnes et hits, ce délice de rudesse demeure un must. Evidemment, plus dure a été la chute. Si l'aventure avait été augurée de superbe manière par le fameux Leather, Bristles, Studs, And Acne en 1981, les disques suivants fléchissaient inexorablement. City baby Revenge en 1984 parvenait encore en entretenir l'espoir, en 1986 Midnight Madness And Beyond ouvrait GBH au son metal et au conformisme. Ndaref a dès lors cessé d'acheter leurs albums. Après tout, il avait déjà son idéal, ce City baby attack by rats hors catégorie dont il apprécie beaucoup manipuler le vinyle (ornée d'une photo et pas de l'horrible dessin).
(Gimme fire - hit des grands moments)
En 2010, GBH fête ses 30 ans d'existence. Ils ont entre-temps sortis d'autres disques que Ndaref n'a pas écouté et donné des tas de lives où il n'est pas allé. Mais 2010 voit revenir le quatuor sur Hellcats Records, maison respectable s'il en est. So?
Tout commentaire de fan est servile (la preuve). Néanmoins, Ndaref n'est pas fan de GBH, il est fan d'un de leur album. Aussi, quand cet individu déclare ce disque fameux, il faut prendre cet avis comme venant d'un forcené ayant passé son existence à écouter de la musique décérébrée. Renouant avec une puissante inspiration, GBH aligne un nombre imposant de remarquables chansons. Toutes ne sont pas du même niveau, mais le quatuor se permet le luxe de signer certaines compositions qui restent en tête. Excellent signe. Autre source d'intérêt, l'envie d'écouter. En une époque du toujours plus éphémère, le besoin de placer un opus dans le lecteur se fait rare. Ce bonheur est véhiculé par un positionnement adéquat. Revenu du punk ultime et ayant digéré sa phase metal, GBH, même s'il ne change fondamentalement rien à ses ingrédients, travaille mieux ses mélanges. De là une musique vigoureuse mais mélodique, ponctuée de refrains porteurs. Ajoutons que la voix de Colin n'a pas bronché et que le mixage, paraît-il réalisé par une des deux têtes pensantes des grandioses Rancid, Lars Frederiksen, est sans défaut.
Bref, quand la plupart de leurs pairs et anciens concurrents reviennent pour jouer leurs antiquités, GBH, qui a à peine lâché l'affaire, propose du matériel neuf de toute beauté. Ces gens l'avaient annoncé dès 1982: we got time bomb!
(Unique live 2010)
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