15 mars 2010
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D’habitude, la foule se satisfait d’un rappel. Ce vendredi, il y en aura deux. Logiquement, personne ne traîne au stand marchandising. Pas ce soir, où on s’y presse. Des musiciens qui dédicacent des billets, des disques, n’importe quoi. Voilà des signes qui ne trompent pas.
Autant aller à l’essentiel en annonçant que les Skip The Use ont su habillement retourner un Cargo aux ponts correctement garnis. Les cinq musiciens ont fait pencher la balance de leur côté en usant d’un cocktail aussi prévisible qu’efficace, fusion pop-rock-disco qui, dansante et suffisamment musclée, a été hautement appréciée. Cymbale qui claque, chanteur qui harangue et refrains mastodontes, et voilà comment qu’on t’emballe la foule. Professionnel et concret.
Que de chemin parcouru pour le quintet lillois… En juin 2009, votre serviteur, escorté de sa photographe officielle, écrivait un papier dithyrambique, ou du moins se voulant comme tel, à propos de leur prestation donnée devant un troquet d’Aveyron. Le genre de concert impromptu méchamment sauvage où le groupe, alors quasi inconnu, s’amusait de ne rien avoir à perdre. Neuf mois plus tard, les nordistes ont pris du grade, de l'épaisseur et de la dimension. Signataire d’un album, ils passent à la radio, performent à la TV et sont de très bons sujets de magazines spécialisés. Cependant, à l’instar de Julio, ils n’ont pas changé. Le chanteur a simplement enfilé un nouveau t-shirt (Rancid ce soir, Motorhead en juin), mais le guitariste arbore toujours sa chemise à carreaux et casquette de bon fan de Suicidal Tendencies, le bassiste porte ses sempiternelles dreads longues aux pointes peroxydées, le clavier fait toujours aussi propret, et le batteur sourit, enfin il souriait après le show. Si le personnel est fidèle à son image, sa musique a cependant évolué. Plus mure. Plus lourde. Plus dansante. Plus grand public. Tout ce qui était en germe à l’époque a éclot. Moins de partie pris extrémistes. Même les penchants déclarés punk sont à relativiser (encore Song 2 de Blur qui aurait fait se pâmer notre bon peintre cubiste, un hommage à Nirvana ma foi assez loupé). Par contre, de la danse, du sourire, de la cymbale qui claque, qui claque et qui reclaque encore, le tout arrosé de vannes, de la vanne qui fait rire tout le monde.
Tout le monde ? Non. Dans un coin de la salle, deux – trois râlent en descendant des bières. Toujours pareil ; quand l’unanimité se fait, il en faut un certain pourcentage qui trouve à dénigrer. A entendre ces pisse-vinaigres, les chansons sont sempiternellement les mêmes, la guitare moins forte que le clavier, la sensation de s’ennuyer pesante, et les blagues finalement pas si tordantes que ça. Le résultat final, deux rappels, une foule qui acclame les héros du soir, donne bien entendu tort à ces esthètes saouls du vendredi tard. Une salle unanime (ou presque) ne peut avoir tort.
quelques jours plus tôt, à Paris (Bénin)...