Le festival Databit.Me s'étendant sur une bonne semaine, ne demandez pas au gros Ndaref de vous le résumer: il n'était pas là, trop occupé à charrier de la faïence ou appointer au tribunal. Il a néanmoins pris connaissance du programme, se partageant entre ateliers, rencontres et concerts, et s'est même rendu à la soirée du jeudi. La thématique était passionnante: harch/noise/K7. L'obèse a débarqué durant le set de THX 1137. Fascinant spectacle d'un duo agenouillé devant un tas de machines et de fils, bricolant une transe agressive constituée d'une unique plage sonore ultra compacte. Entre Kraftwerk, Suicide et improvisation générale, la musique évolue dans des bien sinueux méandres rétro électroniques. Le bricolage passe du stade artisanal à celui du bel oeuvre avec Tapetronic, qui s'est fabriqué tout un jeu de K7 trafiquées avec lesquelles il réalise un set aussi excitant que déroutant. Croisant hardcore et 8 bits sur le terrain du ludique, le gaillard produit un spectacle détonnant et vraiment marrant (un demi-sourire sur la face de notre bouffi reporter). La faim triturant son abdomen, le chevronné reporter abandonne néanmoins la partie pour filer rapidement se sustenter.
Deux jours plus, Ndaref saute d'el coche et, accompagné de son escorte personnelle, ce soir-là constitué d'un dangereux boxeur cougar, file dans l'immense hangar. Souvenir de ces jeunes années: alors qu'il pesait seulement 106 kg, le fluet écrivain avait engoncé sa carcasse sous pareils bâtiments, afin d'écouter, voire se trémousser, sur de la techno illégale. Rien de prohibé, ce soir. Il paie, franchit le seuil et se retrouve face au spectacle d'un joueur d'instruments à vent produisant une musique intemporelle et néanmoins rudement vivante sur laquelle un robot danse. Databit.Me, toute une philosophie. C'est ensuite le tour de Keyvane Alinaghi qui augure un set aussi décomplexé que radical. L'homme envoie des rythmes sur lesquels il joue de la guitare, concasse des mélodies asiato – libano – indiennes en les fracassant sous les percussions, hache les parties construites pour produire un fascinant brouet sonore. Il parvient entre-temps à faire danser, rire et même intriguer en se transformant en bombe humaine. Comme c'est la fête, THX 1137 vient occuper la petite scène et étourdir l'assistance avec ces non-boucles bruitistes. Premier temps mort: après trop de cola, Ndaref doit gérer un afflux de sucre commak qui emplit de confusion son esprit. De fait, ni le moment reggae (Sista Chance et Junior Cony) ni la danse (Rita Cioffi et Yuta Ishikawa) ne le marquent. L'un semblait raide, l'autre souple, il n'était de toute manière guère concentré, pour ne pas dire ailleurs, loin, dehors, au pays des fossés. Il se souvient par contre parfaitement du show de Jankenpopp. L'homme a réussi à soulever le public avec une gamboy, une manette de Wii, mais surtout un sens de la performance énorme et un culot monstre. Les filles l'ont adoré, la plupart des hommes détesté, mais celles qui le traquaient et ceux qui le conspuaient ne peuvent rien enlever à la puissance dévastatrice de ses chansons, bombinettes punk dancefloor hurlées, autozappées, démembrées. Ensuite, nouvelle confusion et nouveau coma sucré. Lorsque Ndaref est revenu à lui, il oscillait sur de la musique de jeu vidéo vintage boostée aux basses, performée par Bitcrusher et ses collègues, lesquels s'échinaient sur consoles trafiquées et aspirateurs tunés. Ensuite, le niveau a grimpé d'un cran supplémentaire avec Probe1 et ses potes: davantage de classicisme, davantage de son qui frappe, de rythmes qui claquent et des basses si massives qu'on aurait pu les couper au couteau. Ndaref s'est perdu là-dedans comme s'il flottait dans une mer de crème chantilly, ce qui n'a rien arrangé au niveau de sucre, blurp. Pas vu 69db, la star de la soirée. Retour dans el coche sans l'escorte, mais avec un guitariste mythique. Les voyages forment la jeunesse sonique.